OSHO : Lettres à l’Etre

Texte 22 la voie de l’équilibre

« La matinée s’est levée. Le soleil devient plus ardent, et mon être désire se mettre à l’ombre.
Un ancien maître d’école me rend visite. Il a pratiqué des disciplines spirituelles pendant des années. Son corps est émacié, squelettique, ses yeux sont ternes et enfoncés. Il s’est torturé lui-même, prenant sa torture pour une discipline spirituelle.

La vie de ceux qui désirent intensément suivre une voie vers le divin est souvent empoisonnée par une telle erreur. Pour eux, atteindre le divin prend la forme d’un reniement du monde, et sauver l’âme implique une destruction du corps. Cette négativité les détruit, et ils ne peuvent pas voir que rejeter le monde n’est pas la même chose que réaliser Dieu.

La vérité est que ceux qui mortifient le corps ont en réalité foi en lui ; ceux qui condamnent le monde sont subtilement obsédés par lui. L’ascétisme nous enchaine au monde tout autant que l’hédonisme.

La véritable discipline spirituelle ne rejette pas le corps et le monde-elle les transcende. Et ceci ne s’accomplit ni par la complaisance ni par la répression. Cette voie diffère des deux ; c’est une troisième voie, la voie de l’équilibre. L’équilibre réside au milieu des deux extrêmes, et ce qui est exactement au milieu transcende les deux polarités.

En fait, ce n’est que d’une façon imagée que ce milieu est appelé le point du milieu : il se trouve au-delà des deux extrémités. Etre en équilibre, ce n’est pas avoir un peu de laisser-aller et un peu de répression ; c’est n’avoir ni l’un ni l’autre. Il ne s’agit pas d’un compromis, il s’agit d’un équilibre. Le déséquilibre est aux extrêmes, l’équilibre est au point du milieu. Aux extrêmes  se trouve la destruction, au point milieu se trouve la vie.
Etre aux extrêmes, c’est périr ; tant le laisser-aller que la répression détruisent la vie. Le déséquilibre est ignorance, obscurité et mort.

Ma discipline spirituelle est équilibre et harmonie. Quand les cordes de la veena ne sont ni trop lâches ni trop tendues, alors naît la musique. Les cordes qui sont trop lâches sont aussi inefficaces que celles qui sont trop tendues. Mais elles peuvent être ni trop lâches ni trop tendues, c’est alors qu’elles donnent naissance à la mélodie. Ce point est le point d’équilibre. La foie de la musique et la foie de l’équilibre sont identiques. On n’atteint la vérité qu’à travers l’équilibre.

J’ai mentionné cette question de l’équilibre au maître d’école, et il sembla y être attentif. Son regard en fut la preuve : expression fut celle de quelqu’un qui s’éveille de son sommeil. Il sembla paisible et calme, comme si une tension s’était relâchée et qu’il ait eu une nouvelle perception.

Quand il est parti, je lui ai dis : « laissez tombez toutes vos tensions, puis observez. Vous avez renoncé à la jouissance ; renoncez aussi à la répression. Laissez-les tomber toutes les deux et observez.
Soyez naturel et observez. Ce n’est qu’en étant naturel que nous pouvons devenir sains et atteindre la nature du soi. »

Il me répondit « A présent, que reste-t-il à abandonner ? C’est déjà abandonner. Je m’en retourne paisible et délivré d’un poids, comme si un cauchemar s’était arrêté. Je suis très reconnaissant. » Ses yeux était doux. Bien qu’âgé, il avait l’air  d’un enfant.
Je souhaite que ces choses-là puissent être claires pour tous ceux qui cherchent Dieu.

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