Gu Meisheng « LE CHEMINS DU SOUFFLE la souplesse »

Gu Meisheng

« Un être vivant naît faible et souple, il meurt dur et rigide » Le nouveau-né est souple car il est plein de souffle originel. Lorsque ce dernier est complètement épuisé, le corps devient raide.

Pour l’homme, comme pour les plantes, la vie est caractérisée par la souplesse du corps. Telle est l’évolution interne des êtres. Mais le dur et le rigide ont aussi d’autres explications.  A l’approche d’une force redoutable, ceux qui se font valoir, sont souvent les premiers à subir le choc.

« Qui bat sans cesse un glaive et sans cesse l’aiguise, la lame en sera vite usée ».

Zhuangzi a fait l’éloge de l’inutilité. Il a dit qu’un arbre avait une chance de grandir et d’atteindre sa hauteur naturelle s’il paraissait inutile aux yeux des charpentiers.

« Un vent furieux n’arrive pas à rompre les brindilles des saules pleureurs, les dents tombent mais la langue subsiste ».

Laozi aime prendre l’eau comme symbole la souplesse et de la faiblesse extrême, qualités qui la rendent totalement invulnérable.  L’eau épouse n’importe quelle forme, mais peut-on la couper avec l’épée, même la plus tranchante du monde ?

« Rien au monde n’est plus souple et plus faible que l’eau, mais pour entamer dur et fort rien ne saurait l’égaler. La faiblesse vainc la force, la souplesse vainc la rigidité, nul sous le ciel qui ne le sache, nul sur terre ne peut le pratiquer ».

Faiblesse et souplesse ne sont pas synonyme de manque de force, mais évoquent des qualités qui ne font pas étalage de la supériorité et de la domination. C’est une souplesse tenace, flexible et invincible.

« La souplesse l’emporte sur le dur, le faible l’emporte sur le fort, le plus souple en ce moment prime sur le plus rigide ».

Or dans la nature, l’être le plus faible, le plus vulnérable et en même temps le proche de Dao originel ; c’est l’enfant dont le corps souple et faible, dépendant du monde , contient dans les secrets de sa chair toute l’immense potentialité de la vie.

Leave a Reply